Tao : la voie vers la libération corps – esprit
Le Tao est généralement traduit par le mot voie, chemin, il exprime aussi l’idée du mouvement créatif et évolutif, d’avancée vers, de parcourir…
Le concept du Tao évoque la force primordiale qui anime toute chose présente dans l’univers, de la plus grossière et inerte des matières, à la plus subtile et infime des énergies. Sa représentation la plus connue est celle du Taï-Ji, qui symbolise l’union de la dualité Yin-Yang en mouvement.
En occident, le Tao est abordé généralement sous deux aspects, certains le considèrent comme une philosophie, d’autres comme une religion. Ces deux termes, philosophique et religieux, n’existaient ni dans la conception Taoïste ni dans la langue chinoise originelle. Il s’agit en fait d’un ajout des premiers occidentaux qui ont voulu en comprendre le sens réel.
En effet, ces derniers se retrouvaient souvent démunis face à un système totalement différent et éloigné de la culture et système de pensée occidentale. D’autant plus que le Tao plutôt que d’être analysé ou débattu, doit avant tout se vivre et s’expérimenter.
Pour les Taoïstes, l’harmonie réside essentiellement dans l’équilibre entre son corps, son cœur et son esprit. Le Tao invite ainsi à se remettre en phase avec l’authenticité primordiale de la nature, de la vie et de ses rythmes.
Pour y parvenir, l’homme doit apprendre à se libérer des contraintes de son mental pour que son esprit en soit ainsi libéré. C’est en ce sens que le Taoïsme encourage la spontanéité, l’insouciance, le détachement et la liberté individuelle. Il prône également l’éloignement des rigueurs et des pressions de la vie en société, tout en mettant l’accent sur l’entraide envers son prochain.
Par ailleurs, le Taoïsme est une des plus anciennes sciences de la vie. En effet, les plus vieilles traces écrites remontent à la même époque que la naissance du bouddhisme (vers 500 ans av JC), mais le Tao serait bien antérieur, puisque dans les textes fondateurs on y trouve de multiples références aux hommes sages, qui bien avant ces écrits (2 à 3000 ans av JC), savaient vivre en accord avec la nature en appliquant les préceptes du Tao.
Le Tao invite à comprendre l’union des contraires qui sont par nature opposés mais indissociables, pour ainsi établir une relation saine et durable avec son environnement. C’est le domaine de la santé et du bien-être qui en est l’élément principal, santé à envisager dans tous les sens du terme, du corps physique, émotionnel, psychique et spi-rituel, avec l’idée maîtresse d’un esprit sain dans un corps et un environnement sains.
Puisque le Tao ne s’apprend pas, son étude se fait notamment par le biais du ‘kan Yu Shu’, l’art d’observer le Ciel et la Terre. Le Kan Yu Shu invite à réfléchir à une modélisation de l’univers identique à celle qui régit le corps humain et les écosystèmes qui existent sur terre, en leur appliquant avec facilité et clarté les mêmes règles de fonctionnement.
En outre le Tao n’est fondé ni sur une croyance ni sur aucun dogme, mais sur des faits obser-vables, qui ont été compilés pendant plusieurs millénaires. De ces observations ont été extraites des théories transposables en toutes choses. On retrouve ainsi ces préceptes, dans des domaines aussi variés tels que la médecine traditionnelle chinoise, les pratiques corporelles de santé (Tai-ji-quan, Qi-gong, Arts Martiaux), la diététique, le développement personnel (méditation, maîtrise de la respiration et de l’esprit, éducation à la nature), l’architecture, l’urbanisme et les jardins (Feng-Shui), l’écriture (calligraphie), la peinture, l’astronomie et a même été appliqué jusque récemment dans le système gouvernemental et l’art chevaleresque de la guerre.
C’est en somme toute la société chinoise (et japonaise) qui a fonctionné selon ces principes pendant plusieurs millénaires. Et l’ensemble de ces sociétés se basait sur l’application de valeurs vertueuses telles que le respect des parents, des aînés et des ancêtres, du rang familial, des règles communautaires, et surtout du respect de la nature et des cycles saisonniers.Le Tao est uniquement basé sur une pragmatique transpo-sable dans la vie de tous les jours.
Il est profondément naturaliste, puisqu’il permet de comprendre le fonctionnement de l’homme, des saisons, de la vie animale et végétale, de la nature en général. Il devient ainsi possible d’y pui-ser un modèle d’équilibre pertinent et efficace sur le long terme, où l’être humain peut baser son quotidien de manière sereine.
Le tao est vide
Jamais l’usage ne le remplit.
Gouffre sans fond
Il est l’origine
De la multitude des êtres et des choses.
Il émousse ce qui tranche
Démêle les noeuds.
Discerne dans la lumière
Assemble ce qui, poussière, se disperse.
D’une profondeur invisible
Il est là
Enfant de l’inconnu
Ancêtre des dieux.
-Lao Tseu
Extrait de ‘Tao Te King’
Le ‘Kan Yu Shu’ pour communier avec la nature
À force d’être pris par notre quotidien, nos sens se sont atrophiés et faire une pause est un moment propice à la redécouverte des aptitudes endormies. Les pratiques Taoïstes, exécutées dans des espaces naturels, offrent à l’homme une véritable possibilité d’y vivre en symbiose.
Elles sont basées essentiellement sur une observation attentive de la nature et de toutes ses composantes. L’homme, lorsqu’il s’arrête et fait l’effort d’être dans l’instant présent, a l’opportunité de rentrer en contact direct avec tout ce qui l’entoure. L’objectif principal est de nourrir le corps et l’esprit en souffles vitaux, pour maintenir la santé et atteindre la longévité. De nombreuses techniques existent pour développer ces perceptions qui sont indispensables à notre équilibre intérieur.
Regarder, écouter, goûter, sentir, toucher, dans de bonnes conditions vont nourrir nos sens en énergies vitales et alimenter notre esprit de façon bénéfique. En parallèle de ces diverses pratiques, un seul procédé central, vivre la/sa respiration dans l’instant présent. L’instant présent est en effet le juste milieu entre le passé et l’avenir, c’est le vide médian, l’espace d’où l’esprit peut englober la totalité de l’existence.
L’instant présent, par le biais des sens, unifie les contraires et laisse émerger la compréhension. Lorsque nous vivons notre respiration en symbiose avec l’instant présent, elle s’unifie à la respiration de la nature.
Observer et expérimenter…
L’être humain passe son temps à s’affairer et s’occuper à de multiples taches quotidiennes. La plus grande partie de son attention est accaparée par ses activités routinières. De ce fait pour développer une observation correcte, il est nécessaire de s’arrêter, de sortir de ses automatismes quotidiens. De s’octroyer un moment à soi, pour observer la vie, observer sa vie, s’obser-ver dans la vie.
Observer régulièrement, un sujet particulier ou un ensemble de phénomènes présent dans la nature, permet d’en extraire plus d’informations. Pour plus d’efficacité, il est indispensable d’adopter une certaine attitude, être ni trop fermé (rationnel qui veut des preuves), ni trop ouvert (cro-yances aveugles).
L’attitude adéquate se trouve entre ces deux extrêmes, le secret pour développer une observation enrichissante, sera de combiner conjointement l’observation et l’expérimentation, tout en conservant son sens critique. De plus, l’observation nous oblige à respecter les rythmes de la nature, à mieux les appréhender pour y percevoir les relations qui existent avec nos propres rythmes biologiques (cardiaque, respiratoire, organiques…). L’observation doit être attentive et soutenue dans le temps.
Ainsi, elle nous plonge dans l’expérimentation, base incontournable pour accéder à la compréhension du fonctionnement de la nature et des secrets de la/sa vie.
La connaissance théorique n’est que partielle, elle peut évidemment nous servir, mais ne peut nous apporter ce que l’expérience contient. Nous pouvons comprendre intellectuellement des milliers de choses, puis en discourir, mais cela aboutit à l’encombrement de l’esprit . Lorsque le mental étudie un sujet, il n’en saisit qu’une partie, le mental joue le rôle de diviseur, teinté de jugement qui aime ou qui n’aime pas. Ce qui fausse d’embler l’expérience. Une théorie n’a de sens que lorsqu’elle est éprouvée par la pratique.
Le mental qui la saisit, s’empresse toujours d’y adjoindre des limites. Pour qu’elle puisse prendre tout son sens, il faut l’éprouver dans le temps. La compréhension se trouve dans la découverte de la réponse. Dans l’étude du ‘kan Yu Shu’ il est impératif de toujours expérimenter les théories par soi-même. Un professeur peut vous montrer la voie à prendre, seul vos pas, sur le chemin indiqué, vous apporteront une véritable compréhension.
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